[One shot] Hilf mir Fliegen

Voilà le mien...
Bonne lecture...

Les rues de la ville étaient vide à cette heure aussi avancée de la nuit, beaucoup trop vide à son goût. La lumière des quelques lampadaires ne suffisait pas à rendre les rues de Hambourg rassurantes. Des chats errant lui passèrent de nombreuses fois entre les gens, faisant frissonner tout ses membres d’un seul et même mouvement. Des klaxons suraigus et des éclats de métal cassaient le silence pesant qui régnait. Un léger vent s’était levé et faisait voler ses cheveux devant son visage maquillé. Ses pas résonnaient sourdement et rythmaient ses pensées.

La soirée qui venait de se terminer avait été bien remplie… Musique étouffante, fumée délirante, alcool à flot… Une fête comme toute fête de fin de tournée.

Le goût de l’alcool restait dans sa bouche et malgré l’eau ingurgitait, ne voulait pas s’en aller, ça l’écoeurait mais rien n’y faisait. Son sang bouillonnait dans ses tempes et la tête lui tournait à chaque pas… Parfois son pied glissait et c’est dans un mouvement de funambule que sa démarche reprenait son train normal.

Un couple s’engueulait dans le hall d’un immeuble, la fille pleurait et hurlait alors que le garçon était assit, sans rien dire, comme impuissant.

Sa veste ne lui tenait pas assez chaud et son casque sur les oreilles n’arrêtait pas tout les bruits de la rue.

Sur un muret face à son immeuble, était assit un garçon aux cheveux noirs, les mains dans les poches, les traits tirés par la fatigue, le regard vide de toutes expressions. Il était vêtu d’un jean Diesel qui lui tombait sur la taille de manière si singulière que son regard s’attarda sur cet aspect de son physique. Il portait également un tee-shirt aux inscriptions anglaises et une veste en cuir noir. Malgré son teint blafard et ses cernes proéminentes, il n’y avait pas à en douter, il était beau, même très beau.

Elle le savait.

Elle s’arrêta devant lui sans mot et il ne leva pas les yeux vers elle. Elle arrêta sa musique et rangea lentement ses affaires dans son sac, il la regardait derrière ses cheveux. Lorsqu’elle releva les yeux vers son visage, il détourna le regard. Un sourire se dessina sur son visage, il ne voulait donc pas la regardait en face. Ça lui plaisait d’avoir le pouvoir sur lui comme il l’avait eu sur elle pendant tant d’années.

Elle attrapa son bras et remonta la manche de la veste.

« Freiheit 89 », dit-elle.

Elle suivit du doigt l’écriture graphique du mot. Il pensait être libre, pourtant elle le savait, il ne l’était pas. Pas comme il l’aurait voulu. Elle voulait l’aider mais elle ne le pouvait. Seul lui pouvait s’aider, himself. Elle le savait, il le savait, ils souffraient. Il soupira à la regarder faire. Elle commença à tracer des traces presque invisibles avec ses ongles sur l’avant bras du jeune garçons. Des traces parallèles et régulières.

« Tu voulais les cacher ? »

Il baissa la tête. Oui, il fuyait son passé, mais malgré tout, tout lui revenait dans la figure. Elle passa son doigt sur son menton et le força à relever la tête.

« Tu penses qu’en les cachant on va les oublier ? »

Ce « on », c’était elle et lui. Elle souleva sa propre manche et lui montra son bras à elle. Des cicatrices fraîches dénaturées le blanc de sa peau. Elle posa ses yeux sur le visage de l’autre. Une expression d’étonnement s’était figé sur son visage.

« T’es pas seul »

Elle prit de nouveau le bras de son vis-à-vis et déposa ses lèvres sur chacune des lettres du tatouages, sur chaque petites marques qu’elle avait fait. Ses cheveux étaient tombés sur le côté de son visage. Une larme lui tomba dans la nuque et elle releva la tête vers lui. Il pleurait…

Il desserra finalement la mâchoire et fini par dire.

« Si on s’aimait ? »

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